Mes chevreuils

Depuis le début de cette aventure, j’ai une copine de galère (mon chat). Je l’ai nommé ainsi car dès les premiers jours de mal-être et de stations prolongées dans mon lit ou sur le canapé, elle est venue à moi. Elle cherchait à se coller contre mon corps en se faufilant sous les couvertures et se mettait à ronronner très fort. Elle était la seule à être là, la seule que je supportais et qui me supportait.

Et puis, il y a eu les chevreuils. Notre demeure se trouve assez isolée, entourée de prés et de forêts, lieu calme pour tout le monde. Je ne sais plus exactement quand je les ai vus pour la première fois. Ils étaient donc en face de la maison, à des bonnes centaines de mètres, mais visibles. J’ai pris les jumelles pour les observer, jumelles qui depuis ce jour trônent sur le rebord de la fenêtre, prêtes à faire feu… Je me suis dit, c’est cool de les voir là, c’est beau à regarder et ce n’est pas si souvent que ça arrive. Ça devait être en octobre je pense. Les jours ont passé et ils sont revenus dans ce même pré, plus souvent, plus longtemps. Ils pouvaient être deux, trois, j’en ai compté jusqu’à huit. Il m’a semblé de loin qu’il y avait des plus jeunes parfois qui faisaient les fous alors que d’autres mangeaient tranquillement. Etonnement, ils sortaient les jours de pluie ou de neige. Les jours de soleil, ils se couchaient et dormaient à la vue de tous mais surtout de la mienne. C’est lors de ma première chimio qu’ils sont devenus mes amis de combat et d’espérance. Alors que je pleurais, le nez collé à la fenêtre, le regard perdu dans le vide, je les ai aperçus et me suis sentie apaisée. Bien-sûr, il y a des périodes où ils ne pointent pas leur nez les coquins. Mais je sais qu’ils ne sont pas loin. Ils sont magnifiques, élégants, peureux mais tranquilles à la fois. Ils me rassurent à chaque fois que je les vois. Mon prince me dit qu’ils sont plus nombreux et moins craintifs car ils sont moins chassés. Merci aux sangliers, trop nombreux, qui monopolisent les chasseurs. Moi je me dis qu’ils sont là pour moi. N’ayant jamais été une dégustatrice de chevreuil, une chose est sûre aujourd’hui : je n’en mangerai jamais plus !

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