23h50

Il est très rare que j’écrive à cette heure-là. Je suis installée sur la terrasse, l’air est frais, c’est plaisant. Les grillons chantent à tue-tête. Un petit veau meugle, il a dû perdre sa maman. Quelques étoiles me surveillent. Le chat vagabonde à la recherche d’une souris. Mon esprit vagabonde aussi. Je repense à tous ces mois écoulés, au mot cancer entrant pour la première fois dans mes oreilles et prenant place dans chaque partie de mon corps, paralysant mes pensées et anéantissant mes rêves.

Je me revois appeler ma maman ce 25 octobre, sortant de la polyclinique. Comme j’aurais aimé ne jamais avoir à lui annoncer ce genre de nouvelle. Ma maman, tu as été et tu es encore si présente pour moi. Toi qui m’as portée, élevée, supportée, aidée, comprise, écoutée. J’aurais souhaité ne jamais t’infliger (à toi et à tous les autres bien sûr) tant de peur et de peine mais je n’y suis pour rien, je sais bien…

Je suis encore là pourtant. Mais une partie de moi est restée sur place ce 25 octobre. Je suis là, heureuse d’avoir survécu, mais gardant en moi un traumatisme, une épreuve, une lutte inconsciente parfois mais certaine. Il reste de belles cicatrices sur ma peau et dans ma tête. Il va falloir réparer tout cela, accepter la lenteur et la perplexité du processus. Il va falloir, il faut, il faudra… 

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